Encore une belle idée que celle annoncée ce matin par le Ministre de l'Education Nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, Luc Chatel, qui "veut réinventer l'apprentissage de l'anglais dans notre pays", notamment en développant un "apprentissage généralisé précoce" de cette langue, c'est-à-dire dans les écoles maternelles, "dès 3 ans" !
Dès 3 ans, alors que les enfants qui évoluent en petite section commence à peine à se débrouiller avec la langue de Molière, on veut leur imposer l'apprentissage de la langue de Shakespeare. Alors que de trop nombreux élèves ont déjà beaucoup de diffficultés avec la lecture et l'écriture du français, et que je n'ai pas le sentiment que l'on progresse dans ce domaine, il me semble parfaitement inopportun de vouloir imposer l'apprentissage d'une autre langue si tôt, dans le cursus scolaire de l'enfant. Qu'on laisse déjà le temps à l'enfant de se familiariser correctement avec sa langue maternelle, avant de le lancer dans l'apprentissage d'une autre langue vivante.
Et ce qui reste effarant, c'est la méthode souhaitée par le ministre. Evidemment, ce dernier n'engagera pas de nouveaux personnels enseignants pour répondre aux besoins de cet apprentissage si précoce. Et il est peu probable que la disparition programmées des centaines de postes d'intervenants en langue à la prochaine rentrée soit remise en cause. La solution est selon lui, dans "l'usage des nouvelles technologies, l'utilisation par exemple d'internet pour faire appel à des professeurs [à distance] dans les écoles". Ce qui signifie donc, que toutes les écoles maternelles devront être équipées avec un matériel informatique conséquent. Si je ne suis pas contre l'usage de l'informatique en maternelle, qui fait d'ailleurs l'objet d'une expérimentation à Châteauroux, qui paiera cet investissement destiné à palier un manquement de l'Etat ? Le ministère de l'Education Nationale ou les collectivités locales ?
Et quand Luc Chatel explique que "l'anglais, c'est une priorité", je préférerais qu'il affiche l'apprentissage du français comme étant LA priorité de l'Education Nationale. Ce qui ne signifie pas bien-sûr que l'on ne cherche pas à améliorer et à développer l'enseignement des langues vivantes dans notre pays, car il est certain qu'il y a beaucoup à faire en la matière. Mais peut-être faudait-il, pour commencer que les élèves sachent correctement lire et écrire en français.
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