L'intervention de Nicolas Sarkozy sur TF1 et France 2 tourne depuis hier à la polémique et cela, à juste titre. Si par exemple, la fermeté affichée par le Président de la République, vis-à-vis de l'Iran et du "chantage", car c'est bien de cela qu'il s'agit, lancé par le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad, pour libérer notre compatriote Clotilde Reiss, me rejouit, les propos du Chef de l'Etat sur l'affaire Clearstream me choquent : "Au bout de deux ans d'enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel".
Les conseillers du Président feraient bien de lui rappeler qu'un homme est présumé innocent jusqu'à ce qu'il soit reconnu coupable. C'est le cas pour tout le monde, y compris pour ceux qui comparaissent actuellement dans le cadre de cette affaire Clearstream. Et notamment, pour l'ancien Premier Ministre, Dominique de Villepin, qui à l'ouverture du procès avait évoqué un "acharnement" présidentiel à son égard. Il n'avait peut-être pas tort.
Dominique de Villepin a donc décidé d'assigner Nicolas Sarkozy pour atteinte à la présomption d'innocence. Il a raison, car Nicolas Sarkozy, partie civile dans ce procès Clearstream a dérapé. Le procès venant de débuter, il est beaucoup trop tôt pour savoir si ceux qui comparaissent aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Paris, sont des "coupables". Laissons donc la justice faire son travail en toute indépendance.
Les réactions n'ont évidemment pas tardé, suite à l'interview de Nicolas Sarkozy. Si l'opposition condamne, c'est son rôle, certains dans la majorité réussissent à lui trouver des excuses ! Il est vrai qu'après la "brillante" intervention du Ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, aux Universités d'été de l'UMP, il y a quelques jours, ils commenceraient presque à en prendre l'habitude.
Si Gérard Longuet, Président du groupe UMP au Sénat, rappelle le principe énoncé plus haut et si Claude Goasguen parle d'une "connerie" de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand demande : "Est-ce qu'un seul nom a été cité par le Président de la République ? Alors, où est le problème ?" ! Le problème Monsieur Bertrand, c'est que vous prenez les Français pour des imbéciles, car c'est à la portée de chacun de connaître les noms des prévenus comparaissants lors de ce procès avec Dominique de Villepin en première ligne.
Enfin, Frédéric Lefebvre, l'homme qui ne parle pas, mais qui aboie contre tous ceux qui osent ne pas être toujours d'accord avec Nicolas Sarkozy : "Cette polémique est curieuse, parce-que dans un procès, il y a des victimes et des coupables. C'est la justice qui déterminera, mais les coupables sont toujours parmi les prévenus." Pour affirmer cela, Monsieur Lefebvre n'a, semble-t-il, jamais entendu parler de la relaxe pour certains prévenus. Ce n'est pas la polémique, mais bien son discours qui est "curieux".
Prenant les Français à témoin, le Chef de l'Etat a tenu dans cet entretien, des propos choquants vis-à-vis de plusieurs personnes, dont un ancien Premier Ministre, Dominique de Villepin. Il n'y aurait pas de honte à ce qu'il reconnaisse avoir commis une erreur, si ses propos ont été involontaires. En revanche, si son discours était soigneusement préparé et ces mots intentionnels, alors que la justice fasse sereinement son travail. Mais dans ce dernier cas, je ne pourrais que regretter l'affligeante image de Président de la République, que renvoie Nicolas Sarkozy.
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