Ce fut le débat le plus passionné de l'Histoire de la Vème République. Et si cette campagne a été bien peu enthousiasmante, il s'agissait bien d'un débat attendu par beaucoup, un véritable duel entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Ce dernier n'avait pas le choix, il devait attaquer son adversaire et compter sur une défaillance de ce dernier, pour espérer combler son retard.
Hollande assure - Sarkozy l'emporte.
De défaillance chez François Hollande, il n'y a pas eue. Quelques erreurs, comme l'augmentation de la dette depuis 2007, estimée par le candidat socialiste à 600 milliards d'euros, alors qu'elle a été en réalité de 500 milliards comme le signalait Nicolas Sarkozy, ajoutant, "Une erreur de 100 milliards, ça pose question"... Mais au final, un candidat qui a plutôt réussi à contenir les assauts de son adversaire, même si sur bien des questions, les Français restent, au terme de ce débat toujours dans le flou, notamment vis-à-vis des mesures qu'entend prendre François Hollande pour réduire le déficit public. Cela reste toujours un mystère...
Nicolas Sarkozy sort, à mon avis, vainqueur de ce débat. Mais une victoire sans doute trop timide pour espérer réduire un écart qui restait, dans les derniers sondages, conséquent. Plus pugnace, plus précis aussi, mais également avec de nombreuses erreurs dans son argumentation : Silvio Berlusconi, dirigeant du Peuple de la Liberté, fait bien partie du Parti Populaire Européen, le même parti que celui de Nicolas Sarkozy au niveau de l'Union Européenne. François Hollande a raison. De la même manière, concernant les dîners dans un grand hôtel parisien avec les plus généreux donateurs de l'UMP, Nicolas Sarkozy a nié y avoir participé. Il a menti.
De l'Education.
Mais ce que je retiens de ce débat, ce sont les échanges concernant l'éducation. Là encore, le candidat Sarkozy a fait une jolie bévue en expliquant que nous avions "le taux d'encadrement le plus élevé de l'OCDE" en primaire, alors qu'en réalité, la France se classe 27ème sur les 34 pays de l'OCDE, et avant-dernier en Europe ! Un "beau" résultat de sa politique.
Et il en rajoute car c'est avec un profond mépris que l'actuel Chef de l'Etat a parlé des enseignants. Ces derniers savaient déjà qu'ils étaient des "privilégiés", en ayant écouté le 1er mai, l'ancien frontiste Guillaume Peltier. Hier soir, ils ont appris qu'ils travaillaient "18 heures par semaine, 8 mois de l'année" ! Quelle méconnaissance de l'Ecole et du travail des enseignants.
Nicolas Sarkozy évoque le travail des enseignants.
Un professeur qui travaille "18 heures par semaine, 8 mois de l'année", cela n'existe pas, ni dans le primaire, ni dans le secondaire. Entre les préparations des cours, les préparations des devoirs, les corrections de ces mêmes devoirs, les réunions entre enseignants, avec les parents, les conseils de classe... les enseignants ne sont ni des "privilégiés", ni des fainéants comme semble le suggérer Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, si la situation des professeurs en France était si enviable, on se demande bien pourquoi il y a si peu de candidats pour en faire son métier.
Instruire les enfants et former les jeunes sont des missions passionnantes et essentielles pour une société. Il s'agit, en s'occupant ainsi des jeunes générations, de préparer l'avenir de la France. C'est pourquoi, la politique de non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux au sein de l'Education Nationale a été une erreur majeure pour notre pays. Mais en écoutant Nicolas Sarkozy hier soir, en voyant tous le mépris qu'il peut dégager vis-à-vis de ceux qui effectuent ces nobles charges et en constatant son ignorance sur le sujet, on peut comprendre pourquoi depuis cinq années, la situation de l'Ecole ne s'est pas améliorée. Au contraire. Sur ce point, il est indiscutable que François Hollande suscite un espoir.
Enfin, sur l'ensemble du débat, on peut regretter que de nombreux sujets comme la culture, la famille, les affaires étrangères aient été peu voire pas du tout abordés. Mais cet exercice face aux Français aura au moins un mérite : il permettra sans doute aux indécis dont je faisais partie de faire un choix pour dimanche.
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