Dans la Nouvelle République de ce matin, je dois avouer avoir été profondément choqué par la lecture d'un article. Celui consacré au Festival International du Film Aérien de Châteauroux, intitulé "Bilan du Festival du film aérien : comme un problème de moteur" m'a scandalisé. Pas le contenu de l'article rédigé par le journaliste François Léger. Mais uniquement les déclarations de l'organisateur de ce festival, Monsieur Daniel Boulogne.
S'il est encore un peu prématuré pour analyser totalement ce Fifac qui s'est terminé seulement hier, et en tirer un véritable bilan, il est indiscutable qu'en terme de spectateurs, c'est un échec. Monsieur Boulogne prévoyait 10000 spectateurs. Il n'y en aurait eu que 1500 à 2000 ; probablement moins d'après le journaliste.
Avec un tel résultat, quelle est donc la teneur des propos de ce Monsieur ? "J'ai fait un festival de qualité" ; s'il y a eu des ratés, c'est la faute des autres. Voilà en une phrase, résumés les propos du responsable du Fifac. Autant dire qu'il ne manque pas d'air ! Monsieur Boulogne poursuit en affirmant : "Sur le plan culturel, c'était parfait. Je suis arrivé où je voulais et même au-delà". Voilà déjà un compliment adressé à soi-même. Et pour les autres ? C'est l'heure des règlements de compte ! Alors à qui doit-on cet échec d'après l'organisateur ?
Tout d'abord aux Castelroussins eux-mêmes qui ne se sont pas déplacés : "Si les Castelroussins préfèrent rester derrière leur télévision au lieu de venir au Fifac, c'est leur problème, tant pis pour eux." D'ailleurs, c'est bien connu, ce sont avant tout les Cannois qui se déplacent au Festival de Cannes. Monsieur Boulogne semble oublier bien vite que s'il a pu faire "un festival de qualité", c'est un peu grâce aux Castelroussins qui en tant que contribuables, ont justement contribué au financement du Fifac. Un peu de reconnaissance serait sans doute bienvenu, plutôt que d'adopter une attitude empreinte de mépris envers les habitants de Châteauroux.
Deuxième accusé selon Monsieur Boulogne : les collectivités. Le Conseil Général de l'Indre et surtout, la Ville de Châteauroux, partenaire du Fifac, coupable de ne pas avoir versée la totalité de la subvention de 100000 euros ; coupable de ne pas avoir communiquer correctement : "Ils devaient s'occuper de l'affichage. On s'était mis d'accord là-dessus. Les Castelroussins n'ont pas été informés parce que la mairie n'a pas bien fait son travail." etc... Je ne doute pas un instant que la Ville de Châteauroux répondra prochainement à ces mensonges. Ce n'est pas à moi de le faire. Mais tout de même : pour que la Ville puisse "s'occuper de l'affichage" encore fallait-il que l'organisateur fournisse les affiches à la Ville...
Même les acteurs économiques locaux ne sont pas exempts de reproches, à l'image du Centre culturel Leclerc qui a ouvert sa nouvelle surface de vente en centre-ville mercredi dernier, avec la question posée par Monsieur Boulogne : "Ils n'auraient pas pu attendre ?" Au nom de quoi, Leclerc aurait-il dû attendre ? Ce nouveau magasin a-t-il réellement pénalisé le Fifac ? Je ne le pense pas. Mais quand il faut trouver des boucs émissaires...
Enfin, l'attitude de Monsieur Boulogne est finalement pitoyable quand je lis cette menace à peine voilée : "des villes [...] demandeuses d'évènements lourds, il y en a cinquante", sous-entendant ainsi, que le Fifac n'aurait peut-être pas lieu à Châteauroux, dès l'année prochaine. Si cette menace est destinée aux Elus, personnellement, elle ne me fait ni chaud, ni froid.
Pour conclure, je trouve dommage que l'organisation du Fifac ne soit pas capable de dresser honnêtement un bilan de ce festival. La première édition d'une manifestation d'importance est toujours difficile à mener. Il y a souvent quelques ratés. Mais l'organisateur a toujours sa part de responsabilité et se doit d'assumer son propre échec. Essayer de se dédouaner en accusant les autres (partenaires ; habitants ; entreprises...) et en s'enfermant dans ses certitudes n'est évidemment pas la solution et ne fait que discréditer son auteur. D'ailleurs, le journaliste ne semble pas s'être trompé en intitulant son article : "... comme un problème de moteur". L'organisateur d'un festival n'en est-il pas le moteur ?
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