9 juin 1944 : il y a 80 ans, le massacre d'Argenton-sur-Creuse

Publié par Arnaud Clément sur 9 Juin 2024, 01:00am

Catégories : #Actualité, #Histoire, #Indre

Le Mémorial pour les victimes à Argenton-sur-Creuse - ©Jean Faucheux

Moins connu que Tulle le même jour ou Oradour-sur-Glane le lendemain, le massacre d'Argenton-sur-Creuse le 9 juin 1944 a fait 67 victimes. 67 victimes de la barbarie nazie. 67 victimes de la 2ème division SS Das Reich du général allemand Heinz Lammerding.

Le 9 juin 1944, vers 17h45, une colonne allemande comportant environ 200 hommes entrait dans la ville et commençait le massacre d’Argenton-sur-Creuse. Pierre Brunaud écrit dans son ouvrage "Argenton-sur-Creuse dans la guerre" paru aux éditions Alan Sutton : "Dès qu'ils abordent Argenton, les Allemands tirent sur tout ce qui bouge".

Après avoir affronté des résistants puis des soldats du Premier Régiment de France sur l’avenue Rollinat, les Allemands tiraient sur des passants, sur des habitants dans leurs jardins ; ils massacraient des familles entières et fusillaient des gendarmes. A l’issue de leur progression sanglante à travers la ville, ils parvenaient à capturer 174 otages et les parquaient toute la nuit dans le quartier du Petit-Nice.

Grâce à Lothaire Kubel, Alsacien réfugié à Argenton-sur-Creuse sous le nom de Jean-Marie Cubel, et au chef de gare, Monsieur Vautrin, de nombreux otages ont eu la vie sauve. Néanmoins une quinzaine étaient abattus le lendemain.

Au total, ce sont 67 personnes : 56 hommes, femmes et enfants civils, et 11 résistants, soldats du Premier Régiment de France et gendarmes, qui ont péri au cours de cette opération destinée à réprimer la Résistance et à effrayer la population.

Les noms des 67 victimes du massacre d'Argenton-sur-Creuse

Les cercueils rassemblés dans la chapelle Saint-Benoît - ©C.H.A.

Le convoi funèbre quittant la chapelle Saint-Benoît - ©C.H.A.

Le passage du convoi funèbre sur la place d'Armes - ©C.H.A.

Les obsèques de 53 victimes sont célébrés le 12 juin 1944 - ©C.H.A.

Le rôle de Lothaire Kubel (Jean-Marie Cubel) a été déterminant au petit matin du 10 juin 1944 et a permis d'épargner la vie de dizaines d'Argentonnais. André Cotillon dans son ouvrage "Argenton 9 juin 1944 - Une tragique page d'Histoire" publié aux éditions du Cercle d'Histoire d'Argenton (C.H.A.) le souligne :

"Après le passage devant le capitaine, il est fait deux groupes : celui des hommes dont les papiers (vrais ou faux) sont en règle et les autres. Pour les jeunes qui n’ont pas de papiers, ils sont mis dans le bon groupe dès l’instant que Cubel explique qu’ils ont été où sont de ses élèves. [...]

Pour les adultes sans-papiers, il suffisait que Cubel dise qu’il les connaissait pour qu’ils soient mis dans le bon groupe. [...]

Après la fin des contrôles, un otage libéré signale à Cubel, que Monsieur Beauvais, professeur d’éducation physique, a été placé dans le mauvais groupe. Cubel s’approche du capitaine, qui est assez loin à l’extérieur de la cour, il lui désigne Monsieur Beauvais, "c’est un voisin, je ne l’avais pas reconnu tout à l’heure". Le capitaine fait immédiatement libérer Monsieur Beauvais."

Lothaire Kubel, héros d'Argenton-sur-Creuse, a été fait Citoyen d'honneur de la ville, le 21 février 1945 et il a reçu la croix de chevalier de la Légion d'Honneur, le 8 mai 1990 à Argenton-sur-Creuse.