Si j'ai déjà évoqué quelques réserves, dès l'élection du nouveau Chef de l'Etat, la journée d'hier, marquée par l'entrée en fonction de François Hollande, nous en apporte de nouvelles.
En premier lieu, les hommages rendus par le nouveau Chef de l'Etat : Jules Ferry et Marie Curie. Si je peux concevoir, qu'ayant fait de l'éducation et de la jeunesse le grand chantier de son mandat, François Hollande rende hommage au bâtisseur de l'Ecole de la République, je ne comprends pas qu'il ait fait ce choix dans la mesure où les arguments évoqués par Jules Ferry pour soutenir la colonisation à la fin du XIXème siècle sont scandaleux : le 28 juillet 1885, Jules Ferry avait expliqué au Parlement, que "Les races supérieures ont le devoir de civiliser les races inférieures". A l'image de Georges Clemenceau, beaucoup à l'époque avaient été choqués par ces paroles. Peut-être que d'autres personnages de l'Histoire de France ayant marqué l'éducation, auraient mérité d'être mis en avant, lors de cette journée, sans devoir faire le choix d'un personnage controversé. Concernant Marie Curie, s'il est possible de comprendre et de soutenir le souhait du Chef de l'Etat de travailler en faveur de la recherche, élément clé pour l'avenir de la France, et si Marie Curie est un personnage important qui a marqué de son empreinte la science, je ne suis pas convaincu qu'il ait fallu à ce moment de la présidence, lui rendre hommage. Là encore, en ce début de mandat, peut-être que d'autres personnages de l'Histoire de France auraient davantage mérité d'être mis en lumière.
En second lieu, et c'est à mes yeux le plus important, François Hollande a nommé comme Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault. Ce choix est contestable, dans la mesure où durant la campagne, le candidat François Hollande avait défini des critères précis sur son entourage, s'il était élu Président. Il a déclaré au Journal du Dimanche, le 14 avril dernier : "Je n'aurai pas autour de moi à l'Elysée des personnes jugées et condamnées." Le problème est que Jean-Marc Ayrault a été jugé et condamné à 6 mois de prison avec sursis et 4500 euros d'amende dans une affaire de favoritisme, pour avoir confié, sans appel d'offres, la confection d'un bulletin local à quelques-uns de ses amis. Yves Thréard, editorialiste au Figaro, expliquait, il y a quelques jours sur son blog que si François Hollande "déroge d'entrée de jeu à ses principes, à la morale [...] au sommet de l'Etat, il risque de se déjuger devant les Français, de décevoir ses soutiens les plus déterminés et de traîner longtemps cette histoire. Ce pourrait être son Fouquet's à lui." Il est indiscutable, qu'avec cette nomination, on assiste au premier reniement du nouveau Chef de l'Etat. Personne n'avait forcé le candidat Hollande à prononcer ces mots, il y a tout juste un mois. A peine entré en fonction, on s'éloigne déjà de la République irréprochable. Cela promet pour l'avenir !
Enfin, il serait bon de signaler au nouveau Président qu'au sein d'une présidence "normale", les parapluies ont droit de cité. La vision d'un Président trempé, jointe à celle de l'avion présidentiel frappé en plein ciel par la foudre, au moment où le Chef de l'Etat se rend à Berlin pour prendre la mesure de la solidité du couple franco-allemand, peut faire sourire. Espérons simplement qu'elle ne sera pas à l'image du quinquennat qui s'ouvre.
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