Depuis plusieurs semaines, les écoles du centre-ville de Châteauroux alimentent rumeurs et inquiétudes. Il me semble donc aujourd'hui nécessaire de faire le constat d'une situation qui s'impose à tous, de définir les pistes sur lesquelles la Ville de Châteauroux a travaillé et d'expliquer la démarche entreprise.
Tout d'abord le constat. Un constat que j'aurais aimé lire dans la presse écrite la semaine passée, afin que chacun puisse comprendre les motivations qui poussent la municipalité à proposer des hypothèses qui ne réjouissent personne. Comme de nombreuses villes, Châteauroux est confrontée à un problème démographique, lié en partie aux coûts des loyers, qui se caractérise par l'installation des jeunes couples dans les quartiers périphériques de la ville, dans les communes de la Communauté d'Agglomération Castelroussine (CAC), voire même au-délà dans des communes situées parfois à plusieurs dizaines de kilomètres. Dès lors, c'est donc une population avec moins d'enfants que l'on retrouve dans le centre-ville.
A ce phénomène général, s'ajoute la baisse des effectifs scolaires sur l'ensemble de notre Ville qui est une réalité depuis des années : les effectifs des écoles publiques de Châteauroux sont passés de 5799 enfants pour l'année scolaire 1990-1991, à 4609 en 2001 (-20,52%), puis à 4050 pour l'année scolaire 2009-2010 (-12,12%), soit une perte de 1749 enfants en 20 ans, représentant une baisse de 30,16% des effectifs scolaires. Bien évidemment, certains secteurs de Châteauroux sont plus touchés que d'autres. Le centre-ville fait partie de ces secteurs en difficulté.
Les baisses du nombre d'enfants scolarisés sur le centre-ville ont eu pour conséquences des décisions difficiles prises par l'Inspection Académique : en septembre 2008, la fermeture d'une classe à l'école élémentaire Françoise-Katz et la fermeture que je persiste à penser injustifiée, d'une classe à l'école maternelle du Colombier ; en septembre 2009, la fermeture d'une classe à l'école élémentaire Saint-Martial et un poste bloqué puis rétabli, à l'école maternelle Saint-Martial. Par ailleurs, avec les écoles des Capucins et du Colombier, nous avons deux maternelles à deux classes, ce qui est, d'après ce qu'on me répète, pédagogiquement, loin d'être l'idéal. Les perspectives pour la rentrée 2010 sont inquiétantes, dans la mesure où il est vraissemblable qu'avec un effectif entre 75 et 80 enfants, l'école Françoise-Katz soit menacée de perdre à nouveau une classe (ce qui ferait passer l'école en deux ans de cinq classes à trois !) ; l'école élémentaire du Colombier serait également menacée de perdre une classe et la situation de l'école maternelle Saint-Martial serait la même qu'en 2009, c'est-à-dire avec une classe sans doute à nouveau en sursi. Dans ces conditions, que faire ? Doit-on, par exemple, laisser une école élémentaire au coeur de notre Ville accueillir les enfants dans des classes avec peut-être trois niveaux différents ?
Ce n'est pas la Ville de Châteauroux qui a réagi la première, face à ces difficultés pour la rentrée 2010. Dès l'année scolaire 2008-2009, les directeurs des établissements scolaires du Colombier, de Saint-Martial et des Capucins - Françoise-Katz, ont pris la mesure des problèmes à venir. Et ils ont décidé de se réunir afin d'essayer d'élaborer une solution pour l'avenir du centre-ville. Le 9 septembre dernier, j'ai convié les directeurs de ces écoles, ainsi que M. Alain Barrault, Inspecteur de l'Education Nationale à venir nous présenter à la Mairie, le fruit de la réflexion qu'ils ont menée pendant plusieurs semaines.
Cette réflexion les a conduit à envisager un projet d'écoles de cycles, passant par le maintien des trois écoles maternelles, celui de l'école élémentaire Saint-Martial accueillant désormais les enfants du cycle 2 (CP, CE1) et le maintien de l'école élémentaire du Colombier accueillant les élèves du cycle 3 (CE2, CM1, CM2). Ce projet, soutenu par l'ensemble des directeurs, passait également par la fermeture de l'école élémentaire Françoise-Katz. Avec les services de la Ville de Châteauroux, nous avons étudié avec attention ce projet. Il comporte des inconvénients : une école maternelle des Capucins isolée, avec un problème majeur pour les parents ayant des enfants dans deux écoles différentes : comment demander à une famille demeurant par exemple, dans le secteur de la rue Raspail de se rendre à la maternelle des Capucins déposer un enfant, avant d'emmener l'aîné à l'école élémentaire du Colombier ? Tout cela en un minimum de temps, même si les horaires d'ouverture et de femeture des écoles étaient décalés de quelques minutes. La disparition à court terme de la maternelle des Capucins était donc vraissemblable et le problème des fratries était posé. De plus, avec environ 230 élèves (maternelles et élémentaires) l'école du Colombier pouvait se retrouver à saturation. Enfin, des problèmes de fonctionnement au quotidien de ces deux élémentaires n'étaient pas réglés. Des écoles de cycles, dans une ville de 10000 habitants peuvent sans doute bien fonctionner. En revanche, un projet de ce type, dans une ville d'environ 50000 habitants avec des secteurs scolaires beaucoup plus étendus est beaucoup moins adapté.
Nous avons donc décidé avec les directeurs, d'étudier d'autres hypothèses. La deuxième, sur laquelle nous nous sommes arrêtés passait par une réorganisation des secteurs et par la fermeture du groupe scolaire du Colombier. Mais cette école étant celle qui accueille le plus d'enfants, cette hypothèse a été mise de côté.
La municipalité a également travaillé sur une réoganisation des secteurs envisagée avec la fermeture de la maternelle des Capucins et de l'élémentaire Saint-Martial. Mais la distance entre la maternelle Saint-Martial et l'élémentaire Françoise-Katz est là aussi trop importante pour des parents ayant des enfants scolarisés dans les deux établissements.
Enfin, et c'est l'hypothèse privilégiée par la municipalité, nous avons proposé une réorganisation des secteurs scolaires du centre-ville, accompagné de la fermeture du groupe scolaire Les Capucins - Françoise-Katz. Outre le fait de conforter les secteurs en difficulté, cette hypothèse a un mérite : elle touche le moins d'enfants possible, ce groupe scolaire accueillant aujourd'hui 25 enfants de moins qu'à Saint-Martial et près de 40 enfants de moins qu'au Colombier.
Après des mois de travail, j'ai donc présenté ces différentes hypothèses lors des Conseils d'Ecoles extraordinaires qui se sont déroulés du 8 au 11 décembre dernier dans les différentes écoles. La réflexion progresse. J'ai rencontré des responsables syndicaux de l'Education Nationale, des parents d'élèves et cela va continuer. Dès aujourd'hui, suite à une demande des délégués des parents d'élèves des Capucins - Françoise-Katz d'échanger avec les délégués de parents des autres écoles, et suite à une proposition de Monsieur Perriau, responsable du Service Vie Scolaire à la Ville, une réunion est organisée à la Mairie. Ensuite, en janvier, trois réunions sont prévues, dans les trois groupes scolaires concernés, avec l'ensemble des parents. Enfin, au terme de ces échanges, une décision sera prise, fin janvier - début février.
Quelque soit la décision qui sera prise, elle ne sera pas facile. Toutes les hypothèses évoquent des fermetures d'écoles. Je le regrette profondément, mais aujourd'hui, je ne vois pas comment nous pourrions faire autrement. Les délégués des parents d'élèves de toutes les écoles concernées ont reconnu que la situation était difficile et qu'il faudrait en passer par une fermeture d'école. La baisse importante des effectifs depuis 1990, sous Jean-Yves Gateaud et sous Jean-François Mayet, même si elle s'est nettement ralentie depuis 2001, ne permet pas d'envisager autre chose. Néanmoins, je reste ouvert à toutes les propositions et à un dialogue constructif.
Mais entendre l'opposition par la voix de Manuel Flam sur France Bleu, parler des fermetures d'écoles comme de la conséquence de la politique de Jean-François Mayet, alors que sous son prédécesseur, les effectifs s'étaient effondrés de plus de 20% (mais il est vrai qu'à cette époque, Châteauroux ne passionnait pas Monsieur Flam) ne m'intéresse pas. Ecouter les paroles d'une chanson qui n'apporte rien au débat, ne m'intéresse pas. Placer dans une démarche polémique la situation actuelle de nos écoles, en annonçant par exemple dans la presse écrite, la "fermeture confirmée" d'écoles (NR du 15 décembre), alors qu'aucune décision n'est prise, ou en évoquant des écoles "pas aux normes" (NR du 19 décembre), alors que bien évidemment toutes les écoles de Châteauroux répondent aux normes de sécurité, ne m'intéresse pas.
En revanche, comme d'habitude, je recevrai à la Mairie, tous ceux qui dans le cadre d'une démarche constructive souhaiteront me faire part de leurs suggestions. Et j'étudierai avec les services de la Ville, toutes les idées, tous les projets et toutes les propositions qui placeront au centre du débat, les enfants.
Enfin, dès à présent et dans un cadre plus large il me semble nécessaire de penser sur du long terme et de réfléchir à ce qu'il faudra mettre en oeuvre pour redynamiser complètement notre centre-ville. Des améliorations ont déjà été apportées. Mais sans conséquences démographiques majeures pour le coeur de ville, même si pour la première fois depuis de nombreuses années, le nombre d'enfants scolarisés dans les classes maternelles de Châteauroux en 2009/2010, est supérieur à celui de l'année précédente. De quelques unités, mais c'est un espoir et il faut donc aller plus loin. La Ville de Châteauroux y travaille. Il y a des projets, il y a des démarches actuellement menées, dans le cadre de la CAC. Il faut continuer.
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