La question est simple : qui a menti ? le Président de la République française, Nicolas Sarkozy ou le Premier Ministre bulgare Boïko Borissov ? Le premier a expliqué, à l'issue du sommet européen de jeudi dernier, qui s'est tenu à Bruxelles, que lors de sa rencontre avec le Président de la Commission européenne José Manuel Barroso, "s'il y a quelqu'un qui n'a pas proféré de propos excessifs, c'est bien moi". Le second a évoqué à la radio bulgare que "la rencontre a été dominée par des échanges violents, pour ne pas dire un scandale". Et Jean-Claude Juncker, le Premier Ministre luxembourgeois, de rajouter que "ça a été un échange mâle et viril". Si on tient compte des témoignages de plusieurs diplomates, il semble bien que Nicolas Sarkozy ait quelque peu minimisé devant la presse, la virulence de ses échanges avec José Manuel Barroso.
Et tout cela pour la question des Roms. Avec une politique ultra-sécuritaire défendue dans un but purement électoraliste, à quelques mois de la prochaine élection présidentielle, le Chef de l'Etat entraîne la France sur une voie dangereuse. Ainsi, si l'on ne peut accepter l'installation sauvage de camps, sur des espaces publics, des stades..., la circulaire du ministère de l'intérieur du 5 août dernier stigmatise clairement une minorité. Comme cela a pu se faire dans d'autres Etats et à d'autres époques. C'est inacceptable. Tellement inacceptable que le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux a modifié, en début de mois, cette circulaire, demandant de poursuivre les évacuations de camps illicites "quels qu'en soient les occupants".
Malheureusement, le mal est fait et c'est bien l'image de la France qui depuis des semaines est atteinte. Dans un sondage Ifop paru il y a 48 heures, 71% des personnes interrogées estiment que l'image de la France à l'étranger s'est dégradée ces dernières semaines. Comment le nier ? En voulant, une nouvelle fois réagir sur le vif, à des événements de la rubrique "Faits divers" (des "émeutes" causées à Saint-Aignan dans le Loir-et-Cher), Nicolas Sarkozy pousse la France, à la une de la rubrique "International". Une France, pays des Droits de l'Homme, désormais critiquée, attaquée, condamnée. L'Organisation des Nations Unies, le Parlement européen, le Vatican et de nombreux autres pays (dont l'Allemagne) ont critiqué la politique de la France.
La récente polémique avec la Commissaire européenne à la Justice, la luxembourgeoise Viviane Reding n'est qu'un triste épisode supplémentaire. Comme le souligne le Président de Debout La République (DLR), Nicolas Dupont-Aignan, elle n'a été élue par personne et ses propos sont excessifs. Mais ils participent, une fois de plus à ternir l'image de notre pays. Les attaques scandaleuses contre le pays d'origine de cette commissaire, venues de France ne grandiront d'ailleurs, ni leurs auteurs, ni notre pays. Ainsi, après que le Chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy ait suggéré de manière très élégante, au Luxembourg d'accueillir des Roms, c'est le sénateur de l'Oise, Philippe Marini qui a osé déclarer samedi, qu'il "aurait préféré [...] que le Luxembourg n'existe pas". Est-ce une digne attitude à adopter, vis-à-vis d'un pays ami ? Evidemment non et le Premier Ministre, François Fillon a eu le mérite de présenter ses excuses à son homologue luxembourgeois. Il n'est pas utile d'évoquer également la polémique sur ce sujet avec l'Allemagne, Etat qui, il y a encore quelques mois, nous était proche.
Dans un article d'avril 2009, j'écrivais : "Comme d'autres, j'ai toujours pensé que la France avait une place à part au niveau international, qu'elle incarnait certaines idées, certaines valeurs défendues tout au long de son histoire, qui font que sa voix est écoutée dans le monde entier". Avec l'obstination électoraliste d'un Président de la République, qui s'enfonce encore aujourd'hui dans l'impopularité, multipliant les déclarations tapageuses et désormais an quête de crédibilité sur la scène internationale, c'est l'image de la France qui est atteinte et c'est la France que ce dernier entraîne dans la difficulté. Bien entendu, il ne faut pas oublier, l'impact de l'affaire Woerth ou l'attitude honteuse de notre équipe nationale de football au début de l'été, qui sont d'autres éléments contribuant à affaiblir l'image de la France à l'étranger.
Pour conclure, je souhaite fortement que les futures présidences françaises du G20 et du G8, soient l'occasion pour Nicolas Sarkozy d'essayer de redorer l'image de notre pays. Mais, compte-tenu de ce que j'ai pu encore voir ces derniers jours, je reste très sceptique.
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