Comme je l'avais signalé le 15 octobre dernier dans ce billet, l'accession programmée de Jean Sarkozy à la tête de l'EPAD, l'Etablissement Public d'Aménagement de la Défense représentait un véritable scandale pour des millions de Français qui n'ont pas hésité à le faire savoir dans la presse, dans les sondages et sur internet. Au sein même de l'UMP, certains parlaient de "démarche maladroite" comme le député des Yvelines, Pierre Cardo, voire montraient une franche hostilité face à cette démarche du fils du Président de la République, comme j'ai pu le constater auprès de nombreux militants.
Comme des millions de Français, je ne voyais pas dans la jeunesse du candidat Jean Sarkozy, un handicap pour le poste qu'il convoitait. Au contraire. Et en tant que Conseiller Général des Hauts-de-Seine, Jean Sarkozy peut siéger au sein du conseil d'administration de l'EPAD, si l'assemblée départementale lui accorde sa confiance ; ce qui sera vraissemblablement une formalité aujourd'hui. En revanche, son inexpérience, son niveau d'étude très moyen (Bac +1) et la manière dont il aurait obtenu cette présidence, sont toujours à mes yeux des éléments qui ne peuvent permettre de répondre de manière satisfaisante, à l'exigence de responsabilités aussi importantes.
Suite à l'annonce du retrait de Jean Sarkozy, de la course à la présidence de l'EPAD hier soir sur France 2, un ami, membre de l'UMP, me faisait part de sa déception. Il m'expliquait que si Jean Sarkozy s'était appelé Martin Dupont, il n'y aurait pas eu toute cette polémique. Il a raison. En effet, il n'y aurait pas eu de polémique et pour une raison simple : en 2008, personne n'aurait autorisé à l'UMP, Martin Dupont, 21 ans, à se présenter dans un canton des Hauts-de-Seine, dans un fief UMP. Et jamais en 2009, Martin Dupont à 23 ans n'aurait eu la possibilité de se retrouver à la tête de l'EPAD. Simplement parce que Martin Dupont n'est pas le fils de...
Je pense que ce retrait de Jean Sarkozy est donc une décision sage. Mais est-ce bien sa propre décision ? On peut avoir quelques doutes. Dans son interview hier soir sur France 2, le fils du Président a expliqué concernant ce renoncement à la présidence de l'EPAD, ne pas en avoir discuté avec le Président de la République, mais en avoir parlé avec son père : "Est ce que vous en avez parlé au Président ? Non. Est-ce que j'en ai parlé avec mon père ? Oui"... mais il l'affirme : "C'est une décision que j'ai pris seul" ! On peut toujours essayer de le croire...
Mais dans le contexte actuel d'une "république irréprochable" (on s'en rapproche ou on s'en éloigne ???), annoncée par le Président de la République, cette candidature, favorisée par l'Elysée ne pouvait être bien perçue. Les propos de Nicolas Sarkozy, le 13 octobre dernier étaient même en "légère" contradiction avec la situation de son propre fils, évoquant que "désormais, ce qui compte en France pour réussir, ce n'est plus d'être bien né, c'est d'avoir travaillé dur et d'avoir fait la preuve par ses études de sa valeur", ajoutant qu'il s'agissait là, d'un "principe de justice, mais aussi en même temps, [d'un] principe d'efficacité : car quel meilleur critère que celui du savoir et de la compétence pour désigner ceux qui doivent exercer des responsabilités"... On peut donc penser que Nicolas Sarkozy a au moins, joué un rôle dans la décision de son fils. J'adhère bien sûr à cette partie du discours du Président. Mais il faut passer de la parole aux actes. Et cela semble plus compliqué...
Enfin, aujourd'hui, ce triste débat est terminé. Mais la famille présidentielle ne sort pas grandie de cette affaire, notre République a été atteinte et même l'image de la France à l'étranger a été ternie dans la presse étrangère. Ce n'est vraiment pas l'idée que je me fais d'une "république irréprochable".
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