Arnaud Clément - Les Carnets

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"Impostures politiques" de Marie-France Garaud - Plon

Publié par Arnaud Clément sur 14 Avril 2011, 08:30am

Catégories : #Gaullisme

Garaud-Marie-France-01---Impostures-politiques.jpg   Il y a quelques semaines, j'ai eu le plaisir de lire le dernier ouvrage de Marie-France Garaud, Impostures politiques, paru chez Plon, dans la collection "Tribune libre", en septembre dernier. Un livre plein de bon sens, dans lequel l'ancienne conseillère du Président Georges Pompidou explique pourquoi la France ne cesse de perdre de sa puissance sur le plan international. 

Garaud Marie-France 02   Marie-France Garaud commence par poser une question : "Comment en sommes-nous arrivés là ?
   Nos gouvernants occupent le pouvoir mais ne l'exercent pas. Nul n'en doute, d'ailleurs, hors d'une classe politique absorbée par ses concurrences internes alors que l'Etat fait naufrage, impuissant à agir, discrédité par les scandales de tous ordres, réduit au simulacre de son ancienne grandeur.
   Nous glissons de l'Etat à la société, de la souveraineté à l'identité et du gouvernement à la gestion, refusant de comprendre ce que ce dérapage comporte d'imposture, révèle d'inconsistance et engendre de dangers.
   Depuis la chute du Mur, le monde bouge partout autour de nous et ses bouleversements nous heurtent de plein fouet. Oui, la déglaciation du monde communiste a transformé tous les rapports de force. Oui, la Chine restaure son empire. Non, l'Europe n'est plus le centre du monde qu'elle fut pendant des siècles. Oui, l'Allemagne y prend la main et ce n'est pas d'hier.
   L'ampleur de ces mutations devrait conduire ceux qui prétendent gouverner à un formidable effort de courage et de lucidité. Chacun constate que ce n'est pas le cas. Cultiver la rage ou la nostalgie ne servirait à rien. Le plus urgent serait de simplement poser les problèmes... et de garder malgré tout une fragile espérance."

   Voici deux extraits de cet ouvrage que j'ai particulièrement apprécié. Tout d'abord, sur le rôle du politique et notamment sur celui qui détient actuellement le pouvoir : "Quand le terreste - le matériel - ne dispose plus d'une vocation propre à l'élever quelque peu au-dessus du sol et que son niveau ne dépasse guère celui des pâquerettes, les mots cultes tels "humanisme" ou "droits de l'homme" commencent à sonner singulièrement creux. La morale, démonétisée, n'a plus vraiment cours et l'on espère seulement que les poncifs médiatiques habituels feront illusion. Le langage, à son tour, se corrompt. A quoi se réduit alors la politique ? A la gestion empirique, au jour le jour, au coup par coup. Le critère est la réussite : quel que soit son objet, quels que soient les moyens, la fin les justifie. L'étrange est que les politiciens pour qui tout se mesure en productivité, statistiques et rentabilité, n'aient pas abandonné les cérémonies et symboles évoquant d'autres temps. On n'aura jamais autant salué le général de Gaulle en commémorations que depuis l'abandon de toutes ses leçons. On n'aura jamais autant invoqué ses principes depuis qu'ils sont tellement oubliés. Ont-ils une telle peur du vide ceux qui se travestissent en des servants d'un culte qu'ils ne professent plus ? Quand le vertige les saisit, ils parlent de valeurs qu'il convient de maintenir ou même de restaurer. L'ennui est qu'ils en parlent comme de valeurs bousières, en suivent leur cote dans l'opinion et ses fluctuations, en fonction de quoi ils en déterminent l'importance."

   Sur la gauche ensuite : "Une opposition euphorique s'imagine que le temps travaille pour elle, qu'elle va s'installer paisiblement dans la succession de ceux qui occupent actuellement le pouvoir. Hélàs, elle a gouverné pendant des années et n'a pas laissé le souvenir d'une meilleure aptitude à cette charge. Qu'elle fasse une brève diversion, on peut le supposer. Qu'elle modifie notre destin, nul n'ose y croire, même parmi ceux qui voteront pour elle. C'est qu'elle a pris presque autant que ceux dont elle se dit l'adversaire une dérive d'oligarchie, une si large distance avec une démocratie honnête, avec un civisme exigeant, avec les impératifs de la raison claire, bref avec le credo intellectuel et moral de la République, qu'à la fin tous les ressorts de l'autorité y sont également distendus."

   Comme je l'écrivais plus haut, que de bon sens dans cet essai où l'auteur n'hésite pas à rejeter les maladresses, voire les fautes politiques et diplomatiques du passé, la pratique du pouvoir de ceux qui le détiennent aujourd'hui, mais également l'absence de crédibilité de l'opposition de gauche pour l'avenir. La défaite de l'UMP et le manque d'enthousiasme à voter à gauche - particulièrement pour le PS - aux dernières élections prouvent que les Français lui donnent raison.  

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