Incroyable, exceptionnel, quelle surprise ! Personne ne s'y attendait : Nicolas Sarkozy a annoncé ce soir, sa candidature à l'élection présidentielle. Au terme d'un quinquennat désastreux sur bien des points, le Chef de l'Etat ne doute de rien et s'engage à nouveau dans la course à la Présidence de la République.
Sur TF1, le candidat Sarkozy a (re)commencé sa campagne électorale avec ses vieilles méthodes de beau parleur. Et à l'écouter, on pourrait presque y croire. Il est convaincant. Sauf que je ne suis pas certain que les Français se feront avoir deux fois. Je trouve que sur l'ensemble de la prestation télévisée de Nicolas Sarkozy, le sommet a été atteint avec la phrase suivante :
"Je me suis dit qu'il y avait une idée centrale dans les engagements que je prends pour mon deuxième quinquennat s'ils [les Français] me font confiance, c'est redonner la parole au peuple français par le referendum [...] parce-qu'il ne faut pas avoir peur de la parole du peuple."
Y croit-il lui même quand il prononce ces quelques mots devant des millions de télespectateurs ? J'en doute. En osant énoncer cette phrase le candidat UMP à l'élection présidentielle se moque clairement des Français.
En faisant voter favorablement les parlementaires sur la ratification du Traité de Lisbonne en février 2008, alors que le peuple de France s'était prononcé contre un traité quasi-identique quelques mois plus tôt, à une large majorité, c'est bien lui, Nicolas Sarkozy qui a enterré la pratique référendaire. Comme je l'écrivais sur ce blog le 9 février 2008, par ce vote scandaleux des parlementaires, Nicolas Sarkozy a largement contribué à un "coup de force en bafouant le suffrage universel, en remettant en cause gravement le principe de souveraineté nationale et évidemment en massacrant ce qui était un outil formidable dans la Constitution de la Vème République, le referendum." Ce qu'a fait le peuple, seul le peuple peut le défaire. Pas pour l'actuel locataire de l'Elysée.
Nicolas Sarkozy s'est bien gardé, tout au long de son mandat de questionner directement les Français. Et tout à coup, à quelques jours de la fin de sa présidence, il aurait retrouvé des vertus au referendum ? J'en doute. Et plutôt que de proposer un referendum sur les chômeurs, ne serait-il pas plus important de demander l'avis des Français sur le nouveau traité budgétaire européen, qui vise à transmettre à des européens, élus par personne, la souveraineté budgétaire de la France ? Plutôt que de diviser les Français, pourquoi ne pas évoquer directement avec eux, cette part décisive de souveraineté que le Président de la République entend leurs retirer ?
Durant sa prestation, Nicolas Sarkozy aura manqué cruellement de sincérité. Comme pour beaucoup de Français, il m'en faudrait bien davantage pour me convaincre de me prononcer en sa faveur le 6 mai prochain. Et encore faudrait-il qu'il parvienne au second tour de l'élection présidentielle, ce qui est loin d'être une certitude...
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