140 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme. Un chiffre "insupportable" pour la Ministre de l'Éducation Nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Sur cette base, on aurait pu penser que la Ministre déciderait un retour sur la démarche engagée depuis longtemps qui consiste à envoyer un maximum d'élèves en classe supérieure (la proportion d'élèves en retard scolaire en 3ème a diminué passant de 46% en 1993 à 24% en 2013) en réduisant le passage de nombre d'élèves dont les difficultés sont telles que les membres du conseil de classe savent qu'ils ne pourront pas suivre sereinement l'année suivante.
Mais au lieu d'agir avec sagesse, c'est la fuite en avant avec la suppression pure et simple d'un dispositif qui, lorsqu'il était bien préparé, donnait d'excellents résultats : le redoublement. Cela se constate sur le terrain. Mais le redoublement coûte trop cher à l'Etat. Et les parents n'y sont pas toujours bien favorables. Ainsi, le Président de la fédération de parents d'élèves FCPE, Paul Raoult osait dire, il y a quelques jours, que le redoublement "ne sert à rien, dévalorise l'élève qui ne peut pas apprendre sereinement"...
Demain, en devenant une mesure "exceptionnelle", prise en accord avec les parents, les élèves qui ne suivent pas, passeront sans problème dans la classe supérieure. Pourront-ils suivre au niveau supérieur quand ils n'y arrivaient pas avant dans une classe où les exigences étaient moindres ? Evidemment non et ce ne sont pas les mesurettes d'accompagnement qui y changeront quelque chose.
La Ministre a signalé en fin d'année dernière, qu'en cas de difficulté scolaire "nous mettrons le paquet pour que les équipes pédagogiques se responsabilisent". Les équipes pédagogiques seraient-elles irresponsables face à leurs missions ? L'idée de Najat Vallaud-Belkacem, c'est la poursuite de la même politique menée depuis des années : renforcer l'accès aux diplômes pour tous les élèves. D'ailleurs, elle souhaite que les élèves qui ont échoué à un examen puissent ne repasser que les matières où ils n'ont pas obtenu la moyenne, afin "qu'un maximum de jeunes obtiennent un diplôme".
Peu importe donc la manière dont ils obtiennent le Brevet ou le Baccalauréat, pourvu qu'ils l'obtiennent. Ils viendront simplement renforcer les près de 20% de bacheliers qui sortent de l'Université sans aucun diplôme. Car si la désillusion n'intervient pas dans le secondaire en faisant croire que tout est facile, elle apparaît évidemment lors des études supérieures où le niveau d'exigences n'est pas exactement le même.
Ne faisons donc plus redoubler les élèves qui ont des difficultés scolaires ; Continuons à donner les consignes aux enseignants pour que les résultats aux examens soient les plus élevés possibles ; Faisons croire aux jeunes que tout est facile, même s'ils ne veulent pas s'impliquer et la France de demain sera sans doute plus belle. Quelle utopie de le penser !
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