Il fallait oser. Mais quand on ne doute de rien, on ose tout. C'est ce qu'à fait, aujourd'hui, le Président de la République, celui qui est censé être le Président de tous les Français. En pleine grève des enseignants, qui manifestent pour une fois unis, les professeurs du public, avec ceux du privé, ce qui est tout de même assez rare, Nicolas Sarkozy n'hésite pas à déclarer :
"Mon devoir de Chef de l'Etat, c'est d'abord de penser aux ouvriers, aux salariés et aux cadres qui sont lancés dans la compétition internationale et qui ont besoin du soutien de l'Etat. Plus que de penser à ceux qui ont un travail difficile, mais qui ont un statut qui les protège."
Voilà qui n'est rien d'autre que du mépris lancé à la face des milliers de fonctionnaires et en particulier des enseignants qui ne méritent pas un tel traitement. Une fois de plus, le Chef de l'Etat n'honore pas sa fonction en essayant de monter les Français les uns contre les autres. Et cela, quelques heures seulement après le revers historique infligé par la France des territoires à Nicolas Sarkozy. Cette France des territoires, si attachée à la République et à l'Ecole.
Je me souviens, il y a quelques jours, alors que nous recevions à l'Hôtel de Ville, les directeurs des établissements scolaires de Châteauroux, j'évoquais la difficulté du métier d'enseignant aujourd'hui et le manque de reconnaissance, les enseignants étant "confrontés à la violence, au manque de respect et au dénigrement". Je constate aujourd'hui que même le Président de la République apporte sa pierre à ce triste concert.
Au moins désormais, les professeurs savent-ils qu'ils n'ont pas et n'auront pas "le soutien de l'Etat". Mais est-ce ainsi que l'on doit traiter ceux qui détiennent le savoir et qui ont pour belle mission de le transmettre ?
Avec des conditions de travail toujours plus difficiles, les personnels de l'Education Nationale mériteraient pourtant un peu de considération et de soutien de l'Etat. Mais Nicolas Sarkozy n'a probablement que faire de la dernière enquête de l'OCDE, parue en début de mois et qui indique notamment que le salaire des enseignants français n'a pas augmenté depuis... 1995. Le pouvoir d'achat des enseignants a donc diminué en raison de l'inflation depuis plus de quinze ans.
Ainsi, d'après cette enquête réalisée sur une trentaine de pays, le salaire horaire d'un enseignant de collège ayant quinze années d'ancienneté est en France de 41 euros. Le même salaire dans les autres pays de l'OCDE est en moyenne de 45 euros. A titre d'exemple, comment expliquer qu"un enseignant français, avec un Bac +5 gagne 1800 euros par mois après huit années d'ancienneté, alors que son collègue britannique, Bac +3 gagne plus du double ?
Les enseignants, comme "les ouvriers" ou "les salariés", ne doivent pas être rabaissés ou méprisés, comme c'est le cas aujourd'hui. Si l'on a la volonté d'améliorer l'Ecole, ce ne sera pas, au plus haut sommet de l'Etat, en montrant du doigt ceux qui, dans les établissements scolaires, exercent un noble métier. Au contraire, ce sera en les encourageant et en les soutenant que le système éducatif pourra être conforté et amélioré et que les plus jeunes seront instruits et mieux formés pour construire la France de demain.
Commenter cet article