Il y a deux mois aujourd'hui, Philippe Séguin disparaissait. J'ai été particulièrement touché par son décès, survenu quelques jours avant celui d'un autre gaulliste pour qui j'avais également beaucoup de respect et un certain attachement, François Gerbaud. Nicolas Dupont-Aignan, Président de Debout La République a, dès le jour du décès de Philippe Séguin, évoqué la "mort d'un géant". Et c'est la vérité, Philippe Séguin était un grand homme. C'était quelqu'un que l'on écoutait, un homme qui ne transigeait pas avec ses convictions, un homme qui reste aujourd'hui, un modèle pour beaucoup.
Je me souviens de plusieurs discours de Philippe Séguin, tout à fait remarquables : que ce soit son "Discours pour la France", prononcé le 5 mai 1992, à la tribune de l'Assemblée Nationale, dans la cadre du débat sur le Traité de Maastricht et dans lequel, il concluait : "Oui, nous voulons l'Europe, mais debout, parce que c'est debout qu'on écrit l'histoire !" ; que ce soit son discours du 2 avril 1993, faisant suite à son élection à la Présidence de l'Assemblée Nationale, où reprenant les propos de l'un de ses prédécesseurs, il expliquait qu'il "s'agit moins d'une faveur que d'une charge, non point d'une récompense, mais d'un office et votre confiance n'est pas autre chose qu'une invitation à la mériter sans relâche, sans réserve et autant qu'il se peut humainement, sans faiblesse" ; ou que ce soit son discours enthousiaste, prononcé à Troyes, le 7 septembre 1996, lors de la Convention nationale des Jeunes RPR, à laquelle j'avais eu la chance de participer. Philippe Séguin était un des rares hommes politiques qui avait une grande maîtrise de la langue française et qui était capable de bâtir des textes exceptionnels, qui captivait le public. Sans oublier, toutes les qualités d'un formidable orateur.
Philippe Séguin était aussi un homme qui ne transigeait pas. Il l'a prouvé à de nombreuses reprises durant son parcours. Du débat et de la campagne référendaire pour le Traité de Maastricht en 1992 en défendant l'Europe des nations à son refus de rejoindre l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) au début des années 2000, il a toujours su affirmer ses convictions. Dans la dernière mission qui aura été la sienne, en tant que Premier Président de la Cour des Comptes, Philippe Séguin aura été capable de défendre son indépendance et celle de l'institution qu'il présidait, n'hésitant pas à critiquer les comptes de l'Elysée et la politique budgétaire du Président de la République. Par exemple, il dénonça le coût des déplacements officiels du Chef de l'Etat et les dépenses fastueuses effectuées lors de la présidence française de l'Union Européenne ou du sommet de l'Union pour la Méditerranée.
Enfin, Philippe Séguin reste un modèle. A la fin des années 1990, il est celui qui instaure une véritable démocratie au sein du mouvement gaulliste. Il est d'ailleurs le premier président à être élu directement, par l'ensemble des militants du Rassemblement Pour la République (RPR). Refusant la pensée unique, il fait partie de ces rares qui ont été capables de dire "non", quand il estimait qu'il s'agissait de l'intérêt supérieur de la nation. Les discours de cet infatigable serviteur de l'Etat, sa pensée incarnant le gaullisme social continueront encore longtemps de résonner.
Avec tristesse, je repense à une rencontre, un jour de novembre 1997 avec celui qui était alors, Président du Rassemblement Pour la République, à Colombey-les-Deux-Eglises. Le Gaullisme, la République, le respect de la Démocratie, le sens de l'Etat, quelques valeurs défendues inlassablement par Philippe Séguin, qui nous rappellent qu'une autre politique est possible. C'est aussi pour cela que les Français n'oublient pas cet homme d'Etat.
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