Arnaud Clément - Les Carnets

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L'incroyable grande ambition européenne de Nicolas Sarkozy : Faire revoter les Irlandais !

Publié par Arnaud Clément sur 15 Juillet 2008, 22:05pm

Catégories : #Politique

   Quelques heures après le vote du peuple irlandais, lors du referendum du 13 juin dernier sur le Traité de Lisbonne, Nicolas Sarkozy estimait que le "non" irlandais était désormais une réalité politique : "Le peuple irlandais s'est prononcé, on doit l'accepter."

   Plus tard, le 10 juillet dernier, à Strasbourg, le Président de la République Française a présenté aux députés européens, les priorités de la Présidence française de l'Union Européenne. A cette occasion, le Chef de l'Etat avait expliqué qu'il espérait "proposer une solution" au "non" irlandais au Traité de Lisbonne, "soit en octobre, soit en décembre" 2008, ajoutant qu'il ne fallait pas "bousculer les Irlandais".

   Dans ces conditions, comme beaucoup de Français, je m'explique mal ses récentes déclarations. Aujourd'hui, devant les députés UMP réunis à l'Elysée, le Président Sarkozy a annoncé que "les Irlandais devront revoter", sur le Traité de Lisbonne. Ce qui implique l'organisation d'un nouveau referendum en Irlande, en fin d'année 2008 ou en 2009.

   En quelques jours, à peine un mois, le Président de la République est passé d'une attitude d'acceptation du vote irlandais, à son exact contraire, celle consistant à refuser la décision démocratique du peuple d'Irlande. Tout simplement incompréhensible. D'autant plus surprenant, qu'il y a à peine cinq jours, il était question de ne pas "bousculer les Irlandais" ! Heureusement pour eux...

   Faire "revoter" les Irlandais ! Voilà bien une attitude qui me semble se rapprocher de l'amateurisme. Il ne s'agit en aucun cas d'une réelle vision pour l'avenir de l'Europe. Si telle est la seule grande ambition au service des institutions de l'Europe, proposée par la Présidence française de l'Union Européenne, il est à craindre un grave échec dans les prochains mois.

   Le peuple d'Irlande a envoyé un message clair, expliquant ses craintes de manière forte, dans la mesure où ce "no" irlandais a été massif (près de 54%), avec une participation plutôt importante, en comparaison avec les autres referendums organisés en Irlande et notamment celui concernant la ratification du Traité de Nice. C'est donc agir dans la précipitation et avec beaucoup de légèreté, que de proposer une solution qui semble, dans ce cas précis, assez hasardeuse et pour le moins inadaptée, dans la mesure où rien ne permet d'envisager un vote différent des Irlandais, quelques semaines seulement, après un premier referendum au résultat vraiment sans ambiguïté.

   Comme je l'ai expliqué ici, ce "no" irlandais est était une chance pour l'Europe. Il aurait dû inciter les dirigeants européens à s'interroger sur le profond malaise qui existe entre les peuples européens et les institutions de l'Europe. Ce vote aurait dû permettre une prise de conscience, favorisant une réorientation de la construction européenne : l'Europe se doit d'être plus démocratique, véritablement indépendante et surtout, elle ne sera solide qu'en tenant compte des aspirations des peuples, en les respectant et en les protégeant. Aujourd'hui, ce bel espoir s'envole.

   En effet, à peine un mois après le referendum irlandais, plutôt que d'ouvrir ce vaste chantier d'avenir pour l'Europe, le Chef de l'Etat préfère s'orienter vers une réponse qui piétine la souveraineté populaire du peuple d'Irlande, refusant de tenir compte de la volonté exprimée par ce même peuple et démentant ainsi ses premières déclarations.

   Une seule question me vient alors à l'esprit : En cas de second deuxième referendum, que fera-t-on si les Irlandais refusent de se déjuger et confirment leurs votes ?

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E
Effectivement, nous ne sommes pas d'accord sur tout, loin de là ;-)Mais j'ai toujours considéré que cela n'empêchait pas le dialogue et qu'il était possible de se retrouver en accord sur certains sujets, au-delà des clivages partisans. Je partage ainsi votre opinion sur le fait que le "non" irlandais - en supposant qu'il ne soit pas nié -  doit être une nouvelle chance pour l'Europe comme vous l'avez écrit dans un billet précédent.Bien cordialement
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A
<br /> Entièrement de votre avis. Rien à ajouter.<br /> A très bientôt. Cordialement.<br /> <br /> <br />
E
Bonjour,En cas de deuxième référendum, que fera t-on si les Irlandais refusent de se déjuger et confirment leur vote ?Je vois deux réponses possibles à cette question : - soit on fait voter, revoter et re-revoter les Irlandais jusqu'à ce que, lassés, ils cèdent et se prononcent majoritairement pour le "oui".- soit on passe outre le référendum irlandais et, comme en France, les dirigeants décident qu'eux seuls sont aptes à juger de ce qui est bon ou non pour les peuples européens. Problème : il me semble que, dans le cas irlandais, ce référendum est constitutionnel (arrêtez moi si je me trompe).Comme vous l'écrivez, ce "non" irlandais aurait dû pousser les "élites dirigeantes" à s'interroger sur le pourquoi de ce refus massif. Mais non ! Pas question de se remettre en cause ! Le peuple a dit non, il a tort ! Nous sommes dans le vrai !Les Irlandais ont dit non. Si la parole ne leur avait pas été refusée, je pense que les Français également auraient dit non. L'Europe, dans l'idéal, devrait être un exemple de démocratie. La manière dont Sarkozy conçoit sa construction est un véritable mépris de cette même démocratie.
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A
<br /> <br /> Je vois que nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais je ne peux que souscrire à vos propos concernant cet article.<br /> <br /> Pour votre deuxième réponse possible, une modification de la constitution irlandaise serait alors nécessaire. Vu le contexte en Irlande, je ne pense pas qu'il sera possible d'aller jusque<br /> là...<br /> <br /> Ensuite, comme vous, je suis persuadé et les sondages nous donnent raison, qu'en cas de referendum en France, le Traité de Lisbonne n'aurait pas été adopté.<br /> <br /> Enfin, l'idée que l'Union Européenne "devrait être un exemple de démocratie" est séduisante. Malheureusement, nous sommes bien éloigné de cet idéal...<br /> <br /> <br /> <br />
F
Vous pouvez me dire en quoi consiste l'intêret de demander un référundum pour la Turquie ? La Turquie ne fait en aucun cas partie de l'Europe si ce n'est dans le foot et c'est tout. Vous pourriez aussi bien faire rentrer l'algérie aussi, non ? En plus si l'on veut examiner le fonctionnement politique de la Turquie, il y aurait beaucoup à dire, comme pour la Chine, sujet dont je ne vous ai pas entendu parler. L'état, dans sa composition et dans son fonctionnement, ne doit pas demander tout le temps l'avis à sa population pour prendre une décision. Cela ne rime plus à rien. D'ailleurs cela ne veut plus dire grand chose. Seriez vous d'accord pour que nos administrés s'expriment pour chacun de nos futurs projets locaux ? voyons, voyons ! imaginez vous le bazar. Si vous voulez de la participation, par le vote, quel sujet mérite t'il plus à vos yeux l'avis de nos concitoyens par rapport à un autre. On pourrait aussi faire un référundum, sur l'existence d'un référundum en fonction des prises de position de l'état ou d'une collectivité. Je sais une chose, c'est que vous allez clore le sujet, et que moi j'ai tord. Mais à l'heure actuelle, vu ce qui se passe à l'UMP, il faut sortir les marrons du feu
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A
<br /> <br /> Pour te répondre et sans dire que ton propos est du "grand n'importe quoi", car pour commencer, je ne pense pas que cela fera avancer le débat ; car ensuite, je respecte les<br /> personnes qui ne pensent pas comme moi (surtout si elles me sont proches) et qu'enfin je suis d'accord avec toi sur une première partie de ton commentaire.<br /> <br /> Un referendum sur la Turquie est nécessaire. C'est mon opinion. Pourquoi ? Tout simplement parce-que les dirigeants européens sont favorables à l'entrée de ce pays dans l'Union Européenne (U.E.),<br /> alors qu'une nouvelle fois, plusieurs peuples de l'U.E. dont les Français, ne le souhaitent pas. Par ailleurs, il ne t'a pas échappé que sur ce dossier, les actes du Président Sarkozy ne sont pas<br /> conformes aux promesses du candidat Sarkozy en 2007. Alors si c'est en effet une évidence que la Turquie n'a pas sa place au sein de l'U.E. en tant que membre (ne serait-ce que du point de vue de<br /> sa géographie !), il semble qu'il faille compter sur l'avis du peuple pour assurer cette évidence. La tenue d'un referendum me semble donc indispensable.<br /> <br /> Concernant "la Chine", je ne sais pas ce que tu veux m'entendre dire... Mais compte tenu de la situation politique dans ce pays, je pense que jamais les Jeux Olympiques n'auraient dû se<br /> dérouler dans ce pays. Cela évidemment n'engage que moi.<br /> <br /> Ensuite, je suis d'accord avec toi quand tu affirmes que "l'Etat [...] ne doit pas demander tout le temps l'avis de sa population pour prendre une décision". C'est même une<br /> évidence. Simplement, sur des sujets majeurs, à l'image d'une modification d'importance de la Constitution ou sur un traité européen capital pour l'avenir du pays ; bref, sur des questions<br /> essentielles, il me semble que seul le peuple souverain doit être en mesure de donner son sentiment. Et je pense qu'en lui expliquant bien les enjeux de la consultation, le peuple est<br /> suffisamment intelligent pour répondre à la question qui lui est posée. Cela suppose bien sûr une certaine pédagogie et un rôle plus équilibré des médias que lors du referendum sur le Traité<br /> Constitutionnel Européen de 2005, par exemple, où l'ensemble ou presque des médias s'étaient engagés en faveur du "oui".<br /> <br /> Par ailleurs, pour les sujets locaux, sans consulter nos administrés sur tous nos projets, dans la mesure où le résultat de l'élection municipale traduit la volonté des électeurs en<br /> faveur de ceux proposés par les membres de la liste élue, je pense que sur certains sujets, il serait intéressant de consulter les habitants : par exemple à Châteauroux, sur le maintien des<br /> fameuses colonnes de la Place de la République...<br /> <br /> Enfin, loin de moi l'idée de te dire que tu as "tord", que tes arguments relèvent de ce très pertinent "grand n'importe quoi", mais au contraire, je suis content<br /> que tu défendes ton opinion. Nous n'avons pas toujours la même. Heureusement ! Pour le reste, le sujet n'est pas clos : il reste bien évidemment ouvert sur ce blog et<br /> ailleurs, j'en suis sûr. <br /> <br /> <br /> <br />
M
Bonsoir Arnaud,Encore une fois sur ce dossier, je ne suis pas d'accord avec toi. L'ensemble des pays de l'UE vont ratifier le traité de Lisbonne. Je ne suis pas d'accord qu'un seul pays fasse capoter ce traité. Il faut en sortir et je trouve l'idée de notre Président bonne.Si les Irlandais ne revotent pas, il faudra bien trouver une solution pour les 26 autres pays. Dans l'attente, il faut suspendre tout  projet d'adhésion de nouveau pays.Il y a tout de même un sujet sur l'europe où nous sommes d'accord, c'est le référendum pour l'adhésion de la Turquie.A bientôt,Michel
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A
<br /> <br /> Cher Michel,<br /> <br /> Tu considères donc que les Irlandais n'ont pas fait le "bon" choix et qu'ils devront revoter. C'est ton opinion et je la respecte. Mais, je te pose quand même une question : en quoi le vote des<br /> Irlandais en juin dernier, est-il moins légitime que celui des Français en avril et mai 2007 ? Car si l'on remet en cause l'expression du suffrage universel irlandais, il n'est pas anormal<br /> d'avoir le droit de remettre également en cause l'expression du suffrage universel français... A ce jeu, je crains qu'alors, la démocratie n'ait plus grande signification...<br /> <br /> De plus, le Traité de Lisbonne peut bien être ratifié aujourd'hui par la Grande-Bretagne, demain par un autre pays ; avec le vote des Irlandais, il n'existe plus. Si nos dirigeants ne<br /> voulaient pas se trouver dans cette situation, il fallait penser à autre chose qu'une adoption à l'unanimité...<br /> <br /> Alors oui, tu as raison, il faut trouver une "solution" pour les 26 autres et l'Irlande. Et je pense que le Traité de Lisbonne ne fait pas partie de cette "solution". Il<br /> faut aller de l'avant, en tenant compte du message des peuples, Irlandais, mais aussi Français et Néerlandais. (Sans parler des Anglais, Danois et autre Polonais qui n'ont pas eu voix au chapitre<br /> en 2005 ou en 2008...).<br /> <br /> Mais je partage ton avis et celui du Chef de l'Etat, quand on estime qu'il faut "suspendre tout projet d'adhésion", tant que l'U.E. ne fonctionne pas sur des bases solides.<br /> <br /> De la même manière, nous sommes d'accord sur la nécessité d'un referendum concernant l'entrée de la Turquie au sein de l'U.E. C'est indispensable. Malheureusement, et je suis sûr que cela ne t'a<br /> pas échappé, le projet proposé par les parlementaires sur ce sujet, dans le cadre de la réforme des institutions est "légèrement" différent de notre idée commune. J'aurai d'ailleurs l'occasion<br /> d'en reparler très prochainement sur ce blog.<br /> <br /> Mais qu'est donc devenue notre motion commune, votée à l"unanimité en début de mois ?<br /> <br /> A très bientôt Michel et bon week-end !<br /> <br /> <br /> <br />
B
En tant que gaulliste je ne peux accepter de la part du Président de la République, garant des institutions et de la souveraineté de la France, un tel mépris à l'égard des peuples et de la démocratie. Cet homme n'est pas digne d'exercer les responsabilités qui lui ont été confiées. Il mérité de passer devant une cour de justice.Ecoeurant.Ami gaulliste, élu de la république, préservez nous de ce fléau dès à présent.Le peuple de France compte sur vous.
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A
<br /> <br /> Que les choix du Chef de l'Etat soient plus que contestables, c'est indiscutablement une réalité. Et ses attaques répétées contre les choix démocratiques d'un peuple souverain ne doivent pas<br /> choquer que les gaullistes. En revanche, qu'il "mérite de passer devant une cour de justice", je vous trouve là quelque peu excessif.<br /> <br /> <br /> <br />

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