Avant-hier et ces derniers jours, avec mes élèves de terminale, nous avons travaillé sur les régimes totalitaires européens des années 1920 et 1930. Des dictatures où la propagande et la terreur étaient utilisées pour se maintenir au pouvoir et où les populations étaient encadrées, la jeunesse embrigadée, le nationalisme exacerbé débouchant sur l’intolérance et la guerre.
Hier et la semaine qui vient de s’écouler, avec mes élèves de 4ème, nous avons travaillé sur l’Europe du XVIIIème siècle, celle des Lumières, à travers des extraits des œuvres de Voltaire, de Montesquieu ou de Diderot notamment. Des textes qui diffusent des idées de justice, de démocratie, de tolérance et d’ouverture d’esprit.
Les programmes d’Histoire des différents niveaux touchent toutes les périodes du passé et sont complémentaires. Garder en mémoire notre passé pour ne jamais en répéter les erreurs et en faire vivre les réussites au présent est primordial.
Aujourd'hui, comme n’importe quel professeur d’Histoire, de Géographie et d’Enseignement Moral et Civique je suis choqué par cet attentat qui a touché un professeur qui n'a fait que son travail en essayant d’ouvrir les esprits de ses élèves.
Aujourd'hui, comme n’importe quel enseignant, je suis révolté de voir que vraisemblablement des réactions de parents d’élèves irresponsables et fanatisés ont conduit à ce massacre en pleine rue à la sortie des écoles.
Aujourd'hui, comme n’importe quel Français, je suis scandalisé par cette attaque contre notre République et contre ses valeurs de Liberté, d’Égalité, de Fraternité et de Laïcité. Et face à cet acte terroriste dont notre collègue Samuel Paty est la victime, comment ne pas distinguer l’espoir en voyant la communauté nationale faire bloc et soutenir ses professeurs.
Demain, malheureusement, ne nous faisons aucune illusion : comme pour les policiers qui font pourtant un travail remarquable ou comme pour les journalistes, les enseignants de France ne seront plus les « hussards de la République », mais bien vite redevenus les « fainéants qui ne pensent qu’aux vacances » comme le suggérait assez lamentablement un Président de la République lors du débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2012 :
Nicolas Sarkozy évoque l'idée qu'il se fait du travail des enseignants en France le 2 mai 2012, lors du débat pour le second tour de l'élection présidentielle
Sans une véritable réhabilitation sociale, culturelle et économique du métier de professeur, la vision d’une partie de la société française risque bien de rester profondément erronée vis-à-vis de ce qui est pour moi et pour nombre de mes collègues, le plus beau métier du monde.
Après demain, gardons en mémoire le courage de notre collègue et essayons de faire preuve d’autant de force de conviction qu’il a pu en mettre dans sa mission. Poursuivons nos combats quotidiens et continuons à faire de notre mieux pour transmettre les valeurs de tolérance, de liberté ou de solidarité aux élèves qui nous sont confiés.
Malgré les difficultés qu’avec mes collègues nous pouvons rencontrer au quotidien, j’ai conscience d’enseigner dans de bonnes conditions entouré de personnes dévouées, dans un groupe scolaire où il fait bon vivre ensemble et où nos élèves qui grandissent, s’épanouissent et progressent, connaissent la signification des mots dialogue, écoute et respect. J’ai hâte de retourner en classe.
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